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Cloak & Dagger Saison 2 : De l’ombre… aux tréfonds

  • Luca 

DISCLAIMER : La critique qui va suivre n’engage que son auteur et ne reflète pas nécessairement l’opinion de tous les membres de Marvel’s Story.

Après une première saison relativement poussive, le duo mystique composé de Tyrone (Cloak) et Tandy (Dagger) revient pour une seconde saison de 10 épisodes qui s’est achevée le mois dernier. Alors qu’ils commencent à maîtriser leurs pouvoirs et qu’ils vivent cachés de la société après les événements de la première saison, les deux adolescents décident d’utiliser leurs pouvoirs pour faire le bien dans la Nouvelle-Orléans. Mais alors qu’ils pensaient mettre fin à un important trafic de drogue, ils vont devoir affronter un ennemi au visage… plus que familier.

Pourtant, difficile de résumer la saison 2 de Cloak & Dagger uniquement à cet arc narratif. Très rapidement, l’histoire va changer d’antagoniste, ce qui rend compliqué la tâche de résumer l’intrigue de cette saison sans spoiler. De plus, celle-ci va aussi rapidement se perdre dans de petites histoires que vivent nos deux héros chacun de leur côté, ce qui réduit la force du récit principal.

Des personnages toujours plus attachants…

En cela, on retrouve les défauts de la première saison qui manquait aussi d’une intrigue ambitieuse. Mais il faut souligner que dans ces nouvelles aventures, l’utilisation des pouvoirs de nos deux héros est beaucoup plus poussée et mieux mise en avant que dans la saison précédente. On retrouve ainsi un point commun avec Agents of S.H.I.E.L.D. qui n’hésite pas à mettre la main à la poche pour livrer de bons effets spéciaux lorsqu’il y en a besoin. Malheureusement, s’ils sont pourtant bien rendus et font toujours plaisir à voir, les pouvoirs ne sont pas autant exploités qu’ils devraient l’être pour une série de super-héros.

À côté de cela, leur binôme fonctionne vraiment bien et les deux personnages restent vraiment attachants, malgré un jeu d’acteur pas toujours au rendez-vous. Mais le fait qu’il ne soit toujours pas un couple au début de saison 2 retire un élément central de l’intérêt des comics dont la série est tirée, comme si elle ne souhaitait pas traiter cet aspect de l’oeuvre originale qui me semblait pourtant capital. Dommage. 

Mais finalement, ce n’est pas là que réside la force de Cloak & Dagger. Son principal intérêt reste de proposer des personnages intéressants car bien développés et dont on explore la psychologie à travers leur vécu. L‘occasion d’aborder des thèmes qu’on verrait peu dans une série pour adolescents : le racisme policier, l’addiction suite à un traumatisme, les violences conjugales, la manipulation… Cependant, on reste tout de même au niveau d’une série Freeform et on y trouve rien de particulièrement profond qui vont bouleverser votre vision des problèmes de la société comme un Handmaid’s Tale par exemple. Mais il faut tout de même saluer le fait qu’elle aborde tant de thèmes adultes. 

…desservis par une réalisation  paresseuse…

Seulement voilà, faire reposer toute une série sur deux personnages, au bout d’un moment, on tourne en rond et c’est bien le problème de la série. A cause de ce manque de véritable intrigue principale claire et définie, on dirait que toute l’histoire n’est en fait qu’un prétexte afin de donner du temps d’écran à deux personnages attachants. Malheureusement, ce n’est clairement pas suffisant pour justifier le visionnage complet de la série.

En plus, cette saison est desservie par une mauvaise réalisation. Systématiquement, dans quasi tous les épisodes de la série, on a le droit à des clipshows. Les clipshows, ce sont des moments uniquement recouverts de musique où il ne se passe rien qui n’ait d’intérêt narratif pour faire avancer l’intrigue et où donc personne ne se parle. Cela peut-être un effet de style dans un film, comme dans Kill Bill par exemple, mais dans une série pour adolescents qui y a recours systématiquement et à outrance, c’est franchement lourd et paresseux. On en trouve au moins quatre à cinq par épisodes ! A cela on peut aussi ajouter une caméra qui bouge parfois trop au cours d’un simple dialogue en champ-contrechamp afin de donner un aspect vivant qui finit plus par donner le tournis qu’autre chose. A croire que, comme pour les scénaristes, les réalisateurs n’avaient pas franchement envie de tourner cette série.

On donne vraiment l’impression au téléspectateur qu’il perd son temps.

L’autre grand point noir de cette seconde saison c’est l’utilisation abusive des moments dits de « rêverie », des genre de séquences qui se passent dans l’esprit des personnages ou bien dans une sorte dimension mystique au-delà de l’espace et du temps un peu floue. Par exemple, comme dans l’épisode 7 de la première saison, ici l’épisode 6 de cette saison 2 se déroule entièrement dans la tête d’un personnage en proie à une illusion mentale. Sauf que c’est une perte sèche de temps et le spectateur en a bien conscience. L’intrigue reste complètement figée pendant un épisode complet, alors qu’elle n’est de base pas très entraînante et assez pauvre. On donne vraiment l’impression au téléspectateur qu’il perd son temps.

…et une intrigue trop faible

Cette sorte de dimension au-delà de l’espace et du temps à laquelle Tyrone peut aussi accéder a des frontières très floues et difficiles à saisir. On dirait que tout ce qui relève du mystique ou tout ce qui se passe dans la tête des personnages se trouve là, comme une sorte de fourre-tout avec lequel les scénaristes ne savent pas trop quoi faire. Le pire dans tout cela, c’est que le pouvoir de l’antagonisme principal repose sur ce monde au-delà de la réalité ! Un comble ! D’ailleurs, cette capacité reste assez obscure, même si l’idée d’avoir un vilain qui se nourrit du malheur des autres pour se sentir mieux est intéressante, quoique lourdingue dans la métaphore.

Cela fait quand même beaucoup d’éléments qui font perdre du temps pour une série qui n’a pas grand chose à dire, et qui surtout, n’a pas l’air de vouloir le faire. La série souffre en plus de la comparaison avec Runaways, l’autre série pour adolescents du MCU : avec des personnages aussi peu nombreux mais mieux développés et maîtrisés, une intrigue imprévisible et captivante qui a quelque chose à raconter, le tout avec des pouvoirs souvent utilisés pour de vrais moments d’action réguliers, servi par de bons effets spéciaux; à coté, Cloak & Dagger fait vraiment pâle figure. 

Finalement, on en vient presque à se demander pourquoi on regarde cette série, vu le peu de liens qu’elle partage avec le MCU. Comme toutes les séries Marvel Television d’ailleurs, peu importe leur qualité.

Oh, et si vous vouliez regarder la série à la suite des différents articles qui annonçaient un crossover avec Runaways la prochaine saison : ne le faites pas. L’élément qui permettrait de dire qu’un crossover est en préparation est beaucoup trop mince.

Cloak and Dagger saison 2 n’aura pas réussi à devenir l’une des séries indispensables du MCU. Avec une intrigue peu intéressante, une réalisation paresseuse et des pouvoirs que l’on ne voit pas assez pour une série Marvel, difficile de recommander cette seconde saison à ceux qui ne serait pas déjà fan du duo mystique. Reste un binôme de personnages principaux attachants et bien développés mais qui ne suffira pas à convaincre les non-adeptes du MCU de se lancer dans le visionnage de cette saison.

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