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Critique rétro : L’araignée sympa du quartier tisse sa toile sur grand écran

  • Chris 
Spider-Man

Nous sommes au début des années 2000 et les super-héros sont loin d’être aussi populaires qu’aujourd’hui dans les salles obscures. Malgré ce constat, Sam Raimi, déjà considéré par beaucoup comme un bon réalisateur de films d’épouvante, va réaliser le premier volet d’une trilogie dédiée au tisseur de toiles le plus populaire de l’écurie Marvel.

Les super-héros Marvel arrivent sur grand écran

Même si le MCU a connu son apogée dans le courant des années 2010, c’est en début 2000 que les films de super-héros Marvel ont été écrit de manière sérieuse et épique.

Même si aucun univers partagé n’est envisagé par les producteurs à cette époque, plusieurs figures de l’univers Marvel vont être représentés au cinéma dès 1998 avec le premier film Blade de Stephen Norrington suivi, deux an plus tard, par X-Men de Bryan Singer puis par le premier film Spider-Man de Sam Raimi en 2002.

Ces trois licences auront finalement droit a leur trilogie respective – Même si les films X-Men, de leur côté, ont pu se renouveler dans les années 2010 pour proposer une sorte d’univers partagé bancal en terme de cohérence mais relativement intéressant à suivre.

Fort de ces premiers succès cinématographiques, Hollywood va tenter de produire plusieurs autres adaptations de la Maison des Idées avec des succès critiques et populaires inégaux. Nous pouvons notamment citer les films Hulk de Ang Lee ou Daredevil de Mark Steven Johnson, tous deux sortis en 2003, mais aussi le premier film Les 4 Fantastiques de Tim Story ayant vu le jour en 2005 au côté d’Elektra réalisé par Rob Bowman.

Ce florilège d’adaptation de comics Marvel continuera jusqu’en 2007 avec le film Ghost Rider de Mark Steven Johnson tout juste un an avant les prémices de ce qui deviendra rapidement le MCU que l’on connaît avec le premier film Iron Man de Jon Favreau paru un an plus tard.

Depuis, même si quelques exceptions émergent çà et là (principalement issues des univers des X-Men et de Spider-Man), le genre super-héroïque de Marvel est représenté à 90% par les productions de Marvel Studios et affilié à son univers cinématographique partagé. 

Avec des échos récent à travers les films Spider-Man: No Way Home et Doctor Strange in the Multiverse of Madness, le premier film Spider-Man de Sam Raimi semble représenter la génèse de ce qu’est devenu le MCU.

"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités"

Avec une structure très classique et convenue, Spider-Man pose néanmoins de solides bases pour le genre super-héroïque au cinéma et plus particulièrement sur l’écriture d’une origin story. Des fondations qui seront, bien entendu, éculés dans les années qui suivront.

On découvre dès les premières minutes du film un Peter Parker hésitant, gauche et persécuté par ses camarades de lycée. Et c’est exactement là que réside une des grandes forces du film : en quelques scènes et échanges, Raimi parvient à nous présenter les personnages principaux, leurs enjeux, dilemmes et motivations personnelles. C’est ainsi que l’on découvre d’ailleurs l’orientation principale que suivra la trilogie : la romance entre Peter et Mary Jane Watson.

 

Peter et Mary Jane
Peter et MJ

Un axe très intéressant et surprenant pour un film de super-héros qui aidera néanmoins à poser les fondations mêmes de ce qu’incarne Spider-Man en une seule et cultissime réplique : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. ».

Une simple ligne de dialogue pleine de sens et faisant écho à de nombreuses reprises à travers les trois films de Raimi. C’est d’ailleurs au court de ce premier volet que Peter prend conscience qu’il lui est impossible de combiner simplement sa vie personnelle avec les responsabilités qu’il s’est imposées auprès des habitants de la ville de New-York.

"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités"
"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités"

Raimi n’hésite pas à mettre en avant ces derniers à plusieurs reprises dans son film afin qu’ils puissent exprimer leur avis concernant le tisseur ou lui venir en aide lorsqu’il se retrouve en difficulté. Une habitude qui se perdra au fur et à mesure des productions super-héroïques qui ont davantage tendance à se concentrer sur les demi-dieux que représentent les héros en laissant de côté la population qu’ils protègent.

La romance orientant le récit a également donné naissance à une scène culte du cinéma hollywoodien : le baiser à l’envers de Spidey et MJ.

Le "upside down kiss" de Spidey et MJ
Le "upside down kiss" de Spidey et MJ

Au fond, Raimi, en se basant sur les récits qui ont dessiné l’histoire du tisseur en comics depuis 1963, parvient à humaniser le personnage malgré ses capacités hors du commun en lui donnant des faiblesses et dilemmes dans lesquels n’importe qui peut se retrouver.

En qualité d’origin story, sa fin donne un aboutissement à la construction du héros en mettant en scène un Peter Parker refusant une vie plus simple au côté de MJ pour respecter les convictions qu’il s’est forgées tout au long de cette première aventure.

Peter et MJ
Peter et MJ

Le film se conclut finalement sur une réplique simple mais désormais beaucoup utilisé dans les productions super-héroïques afin d’appuyer sur ce qui défini le héros : « Je suis Spider-Man. ».

"Je suis Spider-Man"
"Je suis Spider-Man"

La mise en scène au service du récit

Derrière la caméra, Raimi icônise rapidement le tisseur et n’hésite pas non plus à piocher dans ses expériences passées pour proposer quelques scènes d’épouvante légères pour mettre en lumière le premier némésis de l’homme araignée : Le Bouffon Vert incarné par l’excellent Willem Dafoe.

Willem Dafoe incarne Norman Osborn (Le Bouffon Vert)
Willem Dafoe incarne Norman Osborn (Le Bouffon Vert)

Le style de Raimi se reconnait également par un aspect assez particulier de sa mise en scène puisant ses inspirations parmi les grands du cinéma comme Sergio Leone. Il s’agit des plans, zooms et dézooms sur les yeux de ses personnages. Ils sont beaux, nombreux, apportent souvent quelque chose au récit et permettent, en quelques sortes, au réalisateur de signer son oeuvre.

Une bombe du Bouffon Vert explose sous les yeux de Peter
Une bombe du Bouffon Vert explose sous les yeux de Peter

Il n’oublie pas non plus de filmer son ami de longue date ayant fait les beaux jours de la série de films Evil Dead, Bruce Campbell y interprétant le personnage principal : Ash Williams.

L’acteur apparaît ici pour incarner l’animateur d’un match de catch auquel participe Peter dans le but de gagner de l’argent facilement à l’aide de ses nouveaux pouvoirs. C’est d’ailleurs ce même personnage qui donnera son nom au super-héros.

Bruce Campbell en animateur de match de catch
Bruce Campbell en animateur de match de catch

Raimi continuera de placer son acteur favoris dans les suites composant cette trilogie dans des rôles différents si bien que des rumeurs ont émergé affirmant que ce dernier pourrait incarner le super-vilain Mysterio dans le quatrième volet des aventures de l’araignée qui ne verra finalement jamais le jour. Bruce Campbell lui même a démenti cette rumeur depuis.

Stan Lee, en personne, apparaît également brièvement au cours d’une des scènes d’action du film. Notons qu’il s’agit là de son second caméo issu d’une production Marvel sortie en salle. Le précédent étant dans le premier volet des X-Men sorti en 2000.

Le camée de Stan Lee dans Spider-Man
Le camée de Stan Lee dans Spider-Man

Malgré tous les côtés positifs cités précédemment, le film n’est pas pour autant exempt de défauts. Hors-mis le récit très convenu, on retiendra les effets spéciaux ratés et ce même pour l’époque à laquelle le film est sortie en salle. On pense notamment à la désintégration des salariés d’Oscorp lorsqu’une bombe du Bouffon Vert leur explose dessus pour laisser place à de vulgaires squelettes.

Les salariés d'Oscorp se désintègrent

Concluons néanmoins cette partie par une note positive en parlant des musiques épiques et grandiloquentes composées par Dany Elfman, principalement connu à l’époque pour avoir travaillé sur plusieurs films de Tim Burton. Pour le plaisir des oreilles, je vous partage le thème du tisseur composé spécialement pour ce premier film.

Un casting haut en couleur

Si l’histoire de cette première incursion cinématographique du tisseur est aussi captivante et singulière, c’est aussi largement dû aux talents composant le casting du film.

Avec une interprétation très gauche et réservé, Tobey Maguire parvient à nous offrir un Peter Parker unique et très rapidement attachant. De leur côté, Cliff Robertson incarnant son oncle et Rosemary Harris, sa tante sont émouvants et tiennent à la perfection leurs rôles de mentors et guides pour un Peter Parker chamboulé et en plein questionnement.

Oncle Ben et Tante May
Oncle Ben et Tante May

Même si l’écriture de Mary Jane Watson, incarné par Kristen Dunst, propose un registre parfois un peu trop larmoyant, celle-ci prend son rôle très à coeur à parvient à nous offrir une MJ moins désinvolte et flamboyante que dans les comics depuis lesquels elle est inspirée mais tout aussi attachante et envoutante.

Mary Jane Watson
Mary Jane Watson

De son côté, James Franco parvient à nous proposer une prestation très ambivalente en incarnant un Harry Osborn, ami bienveillant de Peter se laissant par moment obscurcir notamment par le biais de la relation très particulière qu’il entretient avec son père basée sur un besoin de reconnaissance inassouvi. De solides bases sont, en effet, posées dès ce premier film pour préparer le personnage à son funeste destin. 

Harry Osborn
Harry Osborn

Son père, Norman Osborn, justement, est incarné par un Willem Dafoe excellent même si d’aucuns diront qu’il surjoue la schizophrénie du personnage qu’il incarne. Le costume du Bouffon Vert paraît visuellement daté avec des couleurs étincelantes et un aspect très plastique. On regrettera également le masque de ce dernier venant occulter celui de Dafoe particulièrement crédible lorsqu’il s’agit d’incarner la folie. 

Le Bouffon Vert
Le Bouffon Vert

Enfin, le personnage de J. Jonah Jameson incarné par J.K. Simons est probablement l’un des plus mémorables de cette trilogie tant ses apparitions restent cultes et hilarantes malgré les années. L’acteur parvient à donner vie au personnage de bande dessinée avec un charisme monstre et une pointe d’humour noir faisant tout le sel du personnage. 

J. Jonah Jameson
J. Jonah Jameson

En plus de proposer une histoire intéressante avec des personnages attachants et plutôt bien écrits, cette première incursion cinématographique du monte en l’air le plus populaire de New-York s’avère être une franche réussite posant de solides bases au genre super-héroïque. Des fondations qui seront réutilisés à de nombreuses reprises jusqu’à être éculées.

Précurseur, Sam Raimi avait déjà compris que pour réaliser un bon film de super-héros il faut d’abord définir son registre. En choisissant l’axe de la romance Raimi a pu offrir au grand public un Spider-Man/Peter Parker très humain et auquel tout le monde peut facilement s’identifier. Un aspect du personnage qui a, depuis sa création en 1963, toujours était mis en avant par la Maison des Idées et Stan Lee.

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