Attendu au tournant, Les 4 Fantastiques : Premiers Pas est un nouveau signe du retour en forme du MCU, qui brise enfin la malédiction de la première famille de Marvel. Un pas dans la bonne direction.
Nouveau monde, nouvelle ère
Sur le papier, réussir à adapter les 4 Fantastiques n’a pas l’air bien sorcier. Pourtant, à trois reprises (en plus d’un film jamais sorti en 1994), Hollywood s’est cassé les dents avec la première famille de Marvel. Et si les deux films de 2005 et 2007 ont sans doute un charme bien à eux, celui de 2015 a fini d’enterrer la franchise… jusqu’au rachat de la Fox par Disney.
C’est finalement 10 ans plus tard que le tant attendu reboot des 4 Fantastiques débarque au cinéma, dans l’escarcelle du MCU cette fois-ci. Et on peut le dire, les leçons du passé ont été retenues. En premier lieu, ce nouveau long-métrage se débarrasse de l’origine de ses héros (comme le tout récent Superman, ou Spider-Man : Homecoming avant lui). On est directement plongé dans un univers déjà établi, où l’équipe a ses pouvoirs depuis 4 ans et affronte régulièrement des méchants mineurs (comme l’Homme-taupe, incarné par le sous-exploité Paul Walter Hauser, et d’autres coupés au montage).

Autre bonne idée du réalisateur Matt Shakman et ses scénaristes, Les 4 Fantastiques : Premiers Pas se déroule sur une Terre parallèle à celle du MCU (828, en hommage à Jack Kirby, co-créateur des personnages). Un parti pris qui permet au film d’être complètement indépendant, et de pouvoir déployer son monde rétro-futuriste esthétiquement inspiré par les années 60 (les 4 Fantastiques ont fait leurs débuts en comics en 1961). Le long-métrage démarre ainsi très (trop ?) vite, très fort, présentant rapidement ces nouveaux héros.
Des héros qui retrouvent la lumière, sans Avengers (ou mauvais films) pour leur faire de l’ombre. Ce sont des superstars, suivies attentivement par toute la sphère médiatique d’une planète pacifiée par les efforts de Sue Storm et les exploits scientifiques de Reed Richards. Dans ses décors et ses visuels, tout transpire l’hommage aux comics de Stan Lee et Jack Kirby, jusqu’à la naïveté de ce monde dont le salut dépend entièrement de ses icônes (le discours un peu niais de Sue pour rallier la foule convoque d’ailleurs cet esprit très Silver Age).

Une famille vraiment fantastique
La force du long-métrage, c’est évidemment ses 4 Fantastiques. Les quelques doutes qui pouvaient entourer le casting sont très rapidement levés, tant chaque acteur incarne avec aisance son personnage. Alors qu’il était le nom le plus contesté par certains, Pedro Pascal porte à l’écran toute la complexité de Reed Richards avec brio, usant de sa sensibilité émotionnelle pour mettre en lumière un homme torturé par son brillant intellect, qui le met régulièrement aux prises avec sa femme Sue, incarnée par la brillante Vanessa Kirby.
Le reste du casting est une très belle réussite, et le film est porté par la dynamique très organique qui s’installe vite entre les personnages. Néanmoins, on s’attache à eux sur un temps plus long, dans les moments d’intimité plus dramatiques qui s’installent dans la deuxième partie du film. Une scène entre Pedro Pascal et Vanessa Kirby, cristallise ainsi parfaitement la relation du couple, et constitue assurément le plus beau moment du long-métrage.

Avec cet ensemble vraiment familial, Marvel prouve une nouvelle fois que sa force est dans le nombre, après une expérience similaire et très réussie dans le récent Thunderbolts*. De bon augure pour Avengers : Doomsday ? Seul le temps le dira. En attendant, les 4 Fantastiques ont retrouvé leur place dans un univers Marvel qui les boudait, et ce film est une parfaite introduction pour eux dans ce contexte nouveau (avec une scène post-générique qui prépare clairement le futur). Point bonus, la bande originale composée par Michael Giacchino finit d’iconiser cette joyeuse bande (vous chanterez ce thème à tue-tête si tout va bien).
Et tout comme dans Thunderbolts*, l’humain retrouve une place centrale dans le MCU, puisque la popularité fluctuante de l’équipe est un des enjeux du film. Le monde adule, doute, prend peur, mais il est surtout composé de visages identifiables à sauver. Avec l’arrivée prochaine annoncée des Fantastiques dans le MCU, on peine cependant à vraiment s’attacher à cet univers, hormis pour son aspect extérieur (les décors sont superbes).

Un p’tit Galactus en plus
Pourtant, au vu des attentes, on peut ressortir un peu déçu de ces 4 Fantastiques. Est-il un pas dans la bonne direction pour le MCU ? Assurément. Est-il pour autant le film parfait qui va totalement redorer son image ? Probablement pas. Et les défauts majeurs du long-métrage se concentrent dans une deuxième partie clairement en-dessous de la première, où les enjeux augmentent en même temps que le scénario semble passer sous pilote automatique.
Là où le film s’épanouit dans ses scènes spatiales, où il peut mettre en valeur l’amplitude de Galactus (Ralph Ineson) et les effets spéciaux impressionnants utilisés pour donner vie à la Surfeuse d’Argent (Julia Garner, mise de côté après une introduction très réussie), il trébuche à son retour sur Terre. Alors que le monde attend fébrilement l’arrivée du géant violet – on saluera au passage sa présence totalement assumée et comic-accurate, après l’épisode du nuage cosmique en 2007 – l’issue devient très vite prévisible.

Clairement très à l’aise pour construire la dynamique de ses personnages, le réalisateur Matt Shakman l’est beaucoup moins pour les montrer en action (un problème entrevu dans WandaVision), et la conclusion de son long-métrage est étrangement assez plate, malgré des enjeux en apparence gigantesques. Tout semble soudain trop resserré, trop facile, y compris les quelques (petits) twists disséminés ça et là. Impressionnant et terrifiant dans son vaisseau, Galactus perd toute ampleur à son arrivée sur la terre ferme.
Malgré tout, c’est dans cette deuxième partie plus inégale que cette famille un peu particulière semble réellement prendre vie, se soudant autour de la présence nouvelle de l’enfant de Reed et Sue (bébé en CGI particulièrement dérangeant à regarder par ailleurs, ce qui peut faire sortir un peu du film). Les 4 Fantastiques : Premiers Pas est finalement une entrée en matière solide, sans fioritures, qu’on aurait sans doute espéré un peu plus fluide et impressionnante. Reste que Marvel a vaincu le signe indien en sortant une adaptation réussie de sa première famille au cinéma. Et si c’était ça, le vrai premier pas ?

3,5/5 : Marvel ressuscite avec panache les comics de Stan Lee et Jack Kirby en réussissant (enfin) à adapter les 4 Fantastiques au cinéma. Le film excelle dans la construction de son monde et de sa dynamique familiale, mais peine malheureusement à convaincre dans sa dernière ligne droite, avec une conclusion téléphonée et un Galactus en retrait.
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