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Madame Web : critique d’un Spider-navet (sans Spider-Man)

  • Owen 
Sony revient en force en 2024 avec une nouvelle bouse, Madame Web, et on en viendrait presque à réhabiliter Morbius au passage.
 

La fatigue super-héroïque qui se serait emparée du grand public ne serait-elle pas plutôt une fatigue liée aux mauvais films de super-héros ? Après une année 2023 sans pitié, on serait en droit de se poser la question. D’autant plus qu’avec le grand retour de Sony et de son Spider-Verse foireux (toujours sans Spider-Man), le phénomène ne devrait pas s’estomper en 2024.

Le studio, qui détient les droits du Tisseur, mais prête Peter Parker au MCU depuis 2016, s’est lancé à corps perdu dans un univers étendu bizarroïde, provoqué par le succès inattendu de Venom en 2018 (850 millions de dollars de recettes au box-office). Le fameux SSU (anciennement SPUMC) s’était offert une année sabbatique bienvenue après le désastre Morbius. Malheureusement (ou heureusement vu la barre de rire provoquée), Sony est de retour en force avec son nouveau nanar, Madame Web, qui nous ferait presque regretter ses prédécesseurs.

Les drôles de dames de Sony

Madame Beurk

Que dire face au néant ? Difficile de poser des mots sur une catastrophe aussi terrible que Madame Web, qui partait pourtant avec quelques armes par rapport à d’autres spinoffs inutiles du Sony-verse. Un personnage intrigant des comics, capable d’enfin mettre de l’ordre dans la maison, et un casting plutôt prestigieux (Dakota Johnson, Sydney Sweeney, Tahar Rahim, Adam Scott…) auraient pu donner du corps au projet. Tout comme un pitch ambitieux sur le papier, enfin consacré à des héro(ïne)s plutôt qu’à des antagonistes vainement réhabilités. 

Avec un peu de bonne volonté, Madame Web aurait presque pu devenir un film moyen, ce qui l’aurait propulsé par défaut dans le haut du panier des productions de Sony. Encore fallait-il engager des gens compétents pour donner vie à la chose. Problème, le studio a une nouvelle fois fait preuve de flair, avec au scénario sans doute le pire duo d’Hollywood actuellement, Matt Sazama et Burk Sharpless (derrière les chefs-d’œuvre Morbius, Dracula Untold ou encore Gods of Egypt). Côté réalisation, la copie est également extrêmement médiocre, même si S. J. Clarkson avait quelques belles cordes à son arc du côté de la télévision (2 épisodes de Jessica Jones, 1 épisode de Succession). 

Derrière ce cosplay se cache Tahar Rahim

Résultat des courses, non seulement Madame Web est immonde visuellement, mais son scénario est également un non-sens perpétuel, terriblement plat et inintéressant. Qu’on soit clair, inutile d’aller voir ce film en quête d’action, de pouvoirs et de costumes. Avant tout, Madame Web est un film de course-poursuite à la Terminator, où un méchant très méchant se met en quête de tuer trois adolescentes, supposément destinées à l’assassiner dans le futur. Outre la présence de Ben Parker, et d’un bébé Peter Parker que le film se refuse à nommer, le projet n’a aucune place dans l’univers étendu déjà sur les rotules de Sony, et n’essaie même pas de s’amuser avec son concept et ses personnages. En bref, c’est un carnage. 

On ne peut que plaindre les acteurs, sans doute arnaqués par la promesse de rejoindre l’univers Marvel. Oups, encore raté. Et si Adam Scott s’en sort presque avec les honneurs, que dire face à la prestation hallucinante de Dakota Johnson (était-elle sobre ?), de la pauvre Sydney Sweeney, réduite à devoir incarner un cliché ambulant (comme l’ensemble du casting féminin d’ailleurs, mention spéciale au personnage d’Isabela Merced, une “nerd” avec un t-shirt “j’aime les maths ») ou encore d’un Tahar Rahim absent, dont la moitié des répliques ont été remplacées en post-production. Au moins, dans Morbius, Matt Smith semblait un peu s’amuser au milieu du marasme. Ici, difficile de nier le désintérêt total et apparent des comédiens, pas aidés il est vrai par un scénario à la limite de la légalité. 

La toile de la vie et des mauvais films

Spider-quoi ?

Sur le fond, Madame Web n’est pas un objet d’étude foncièrement intéressant. Des mauvais films, vides qui plus est, il en existe un paquet au cinéma. Ce qui interroge, c’est plutôt la manière dont Sony a traité ce projet, annoncé dès 2019. Au vu des personnages utilisés (Madame Web et Ezekiel Sims jouent traditionnellement un rôle essentiel dans les comics liés au “Spider-Verse”), le film aurait dû être une pièce maîtresse du SSU, en manque cruel de repères. Cependant, on a presque l’impression que le studio l’a délibérément enterré, comme conscient de la catastrophe absolue qu’il tenait entre ses mains. 

Madame Web se déroule donc dans une réalité totalement à part, sans aucun lien avec quelconque franchise préexistante. Les sympathiques costumes aperçus dans la bande-annonce ne sont finalement présents qu’une trentaine de secondes à l’écran, montre en main, et, pire encore, n’apparaissent qu’à l’occasion d’un rêve. Et sans l’unique élément qui pouvait éventuellement le rendre intrigant (c’est-à-dire quelle est sa place dans le plan bordelique de nos amis de Sony), le long-métrage n’est qu’une coquille risible, condamné à devenir un meme pour l’éternité, à l’image de Morbius avant lui. 

Kraven arrive, et on a presque hâte

Il serait donc inutile de plus s’étaler sur la question. On pourrait faire la liste des absurdités d’écriture, de montage, et de réalisation de la chose, mais cela nous demanderait de lui accorder bien trop de temps. Si vous avez bien rigolé devant Morbius (comme votre rédacteur), Madame Web pousse encore plus loin les curseurs du navet super-héroïque, rappelant les sombres heures du genre dans les années 90-2000. En revanche, si vous ne voyez franchement pas l’intérêt, passez votre chemin. Madame Web n’est rien d’autre qu’un triste naufrage signé Sony, sur le dos de la marque Spider-Man… encore une fois. 

0/5 : Déjà le pire film de 2024, sans doute le pire film du SSU, Madame Web est une bien étrange abomination, et un nouveau symbole ahurissant de la stratégie du n’importe quoi de Sony avec les droits de Spider-Man. On peut en rire, mais aussi en pleurer, car derrière, c’est tout le genre super-héroïque qui en pâtit. 

Owen

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