En 2000, soit deux ans après l’adaptation du Blade de Stephen Norrington, une des équipes de super-héros les plus populaires de l’écurie Marvel va être représentée pour la première fois sur grand écran !
Les X-Men, métaphore du racisme
C’est sous l’oeil déjà avisé de Bryan Singer que la première équipe de super-héros Marvel va voir le jour dans les salles obscures. Nous sommes en juillet 2000 lorsque le film sort et reçoit un accueil critique et commercial déjà très important.
Au même titre que le premier film Spider-Man de Sam Raimi, que nous évoquions le mois dernier, cette production pose les bases du genre super-héroïque au cinéma avec un ton plus sérieux et épique qu’à l’accoutumée.
Nous y suivons l’histoire de mutants rejetés par la société pour leurs différences considérées comme dangereuses.
Si la structure du scénario reste somme toute très classique, le film aborde, tout de même, des thèmes lourds de sens et ce encore aujourd’hui. Le coeur des propos étant, bien entendu, placé dans les différences qui divisent les populations.
En effet, Bryan Singer a choisi, à raison, de conserver l’orientation prise par Stan Lee en créant cette équipe de super-héros en 1963. Malheureusement, ces sujets sont encore très actuels et ce malgré ces oeuvres dénonciatrices cherchant à faire évoluer les mentalités.
On peut d’ailleurs déceler assez aisement un net parallèle entre les personnages leaders des équipes ennemies, Professeur X et Magneto représentant respectivement Martin Luther King et Malcolm X. Deux hommes se battant pour une société plus juste et inclusive mais l’un dans la paix et la bienveillance et l’autre dans l’affront et la violence.
Outre l’axe d’approche choisie, Bryan Singer nous a proposé de belles idées de réalisation tout au long de cette première incursion mutante au cinéma.
La réalisation de Bryan Singer
Parmi les scènes du film les plus marquantes et glaçantes par leur réalisation dramatique, on retrouve, en tête de liste, celle introduisant le film et le personnage d’Erik Lehnsherr alias Magneto.
Par sa couleur, ses images et ses sons, cette scène transpire la violence, la dureté et l’injustice dans laquelle a grandi un jeune Magneto conditionné par ces événements relatifs à la Seconde Guerre Mondiale.
Une introduction du personnage qui joue sur l’empathie du spectateur pour lui faire mieux comprendre les motivations et actions futures de Magneto. Un premier signe montrant l’habileté d’écriture de Singer pour développer des antagonistes à la fois menaçants et consistants.
Mis en avant à travers son passé tragique et sa haine croissante, le personnage profite également d’effets spéciaux pour illustrer ses pouvoirs, relativement impressionnants pour l’époque.
Dans la même idée, nous retiendrons également l’introduction du personnage de Logan alias Wolverine profitant de quelques courtes scènes pour présenter son caractère, ses enjeux et ses pouvoirs de manière sobre et percutante.
Nous regretterons néanmoins la volonté de renier l’héritage des costumes jaunes emblématiques de l’équipe des X-Men pour favoriser un esthétisme plus proche des normes des années 2000 mais aujourd’hui cruellement daté. On notera également une blague grinçante marquant le trait sur le rejet total de cet héritage comics que le MCU tente petit à petit de remettre au goût du jour.
Outre la réalisation de Bryan Singer qui propose de belles idées, le casting composant les équipes mutantes offre de très belles trouvailles. Certaines dont on ne pourra plus se passer…
Un casting durable
Même si de nombreux membres de ce casting ont aujourd’hui un statut culte, on ne peut évoquer les X-Men sans directement penser à Logan / Wolverine superbement incarné par Hugh Jackman. Un rôle qui lança sa carrière d’acteur hollywoodien et qu’il endossera 17 ans pour mener son personnage à un puissant épilogue.
D’aucuns diront qu’il partage le trône de la gloire aux côté de Robert Downey Jr. alias Iron Man pour avoir incarné le super-héros de son univers apparaissant dans le plus de films et ayant le plus grand temps d’écran.
Malgré une introduction du personnage de Rogue (Malicia dans la VF), incarnée par Anna Paquin, jouant sur l’empathie du spectateur par son aspect ingénue, le reste de l’équipe composant les X-Men reste relativement anecdotique. On regrettera particulièrement un Cyclope, incarné par James Marsden, très en retrait par rapport à son rôle dans les comics et cela n’ira malheureusement pas en s’améliorant dans la suite des productions cinématographiques…
Néanmoins et comme nous l’évoquions plus haut, le film va beaucoup jouer sur la dualité qu’entretiennent Charles Xavier alias le Professeur X, incarné par Patrick Stewart, et Erik Lehnsherr alias Magneto, incarné par Ian McKellen. Leur relation semble dès le départ ambiguë, profonde et entachée par le temps et les épreuves qu’ils ont enduré. C’est donc tout naturellement que les studios de la 21st Century Fox proposeront quelques années plus tard une origine à cette relation pour le moins intrigante.
Pas moins intrigante, le personnage Mystique, incarnée par Rebecca Romijn, se hisse également dans le haut du panier de ce casting. Son interprétation rend la mutante envoutante et déroutante dès le départ. Si bien qu’elle aussi aura le droit à une réinterprétation de ses origines à travers plusieurs films qui verront le jour dans le courant des années 2010.
Si nous évoquons beaucoup Magneto et Mystique, c’est aussi parce les autres membres de l’équipe d’Erik Lehnsherr manque cruellement de panache avec le Crapaux incarné par Ray Park quelques temps avant sa prestation nettement plus mémorable en tant que Dark Maul dans Star Wars Épisode 1 : La Menace Fantôme. Nous retrouvons également Dent de Sabre, incarné par Tyler Mane sans grande conviction et dont le personnage sera réutilisé plus tard dans le film X-Men Origins: Wolverine sans aucune cohérence avec le récit qui nous est conté ici…
Comment conclure cette présentation du casting de X-Men sans évoquer le tout premier caméo de Stan Lee dans une salle de cinéma ! Même s’il est anecdotique car apparaissant parmi d’autres plagistes, cette première incursion deviendra finalement rapidement une tradition pour l’auteur qui s’en amusera jusqu’en 2019 dans le film Avengers: Endgame.
En plein milieu de l’été, voilà qui est rafraîchissant ! Les X-Men, grâce à ce premier film, ont contribué aux belles heures du genre super-héroïque au cinéma. Malheureusement, la formule, le manque de consistance et de cohérence de l’univers établit ont fini par mettre un terme aux productions cinématographiques estampillées « X-Men » en 2020 avec le film Nouveaux Mutants de Josh Boone.
Avec le rachat un an plus tôt de la 21st Century Fox par Disney, nous savons que l’équipe va revoir le jour sur grand écran pour, cette fois, intégrer l’univers partagé des studios Marvel.
C’est impatients que nous pouvons fabuler sur leur arrivée en espérant y découvrir un traitement aussi sérieux et actuel que ce premier film a su retranscrire à l’époque.
- Marvel et Electronic Arts annoncent un jeu d’action-aventure Black Panther - 11 juillet 2023
- Spider-Man: Across the Spider-Verse – Critique de la rédaction de Marvel Story - 6 juin 2023
- Robert Downey Jr. aurait pu incarner Docteur Fatalis dans le film ‘Les 4 Fantastiques’ de 2005, selon Kevin Feige - 25 mai 2023