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Critique rétro : Hulk sans les Avengers, c’était comment ?

  • Chris 
Hulk 2003

Alors que la série She-Hulk est en cours de diffusion sur Disney+, prenons quelques minutes pour revenir sur le première apparition sur grand écran du héros Marvel qui a popularisé les pantalons déchirés violets et le body building : HULK !

Les origines du Hulk du MCU ?

Comme les X-Men et Spider-Man avant lui, le géant de jade de la Maison des Idées à eu le droit à sa première apparition cinématographique au début des années 2000.

Par ailleurs, notons que LIncroyable Hulk de Louis Leterrier, sorti en 2008, a été initialement écrit pour être la suite de cette première incursion dans les salles obscures du géant vert de Marvel. C’est lors des réécritures du scénario que les liens entre les deux films ont finalement été rompus… Ce premier métrage représente en quelque sorte l’origine du Hulk que nous connaissons dans le MCU.

Avec une durée de 138 minutes, le film s’ouvre sur un générique typique des années 2000, dans la même veine que celui du premier film Spider-Man de Sam Raimi mettant en scène des éléments microscopiques comme des atomes ou cellules dans une 3D symptomatique de ce début de décennie. 

Cette ouverture est accompagnée par l’excellente bande originale de Dany Elfman ayant déjà prouvé sa compréhension du thème super-héroïque sur Spider-Man un an auparavant.

L’introduction du film met finalement en scène le père de BruceDavid Banner, incarné par Nick Nolte et dont le prénom ne vient pas du médium d’origine mais de la série télévisée L’Incroyable Hulk de 1977 dans laquelle le prénom Bruce a été remplacé par David

Nick Nolte parvient ici à donner à son personnage toute l’ampleur de son avarice scientifique le menant vers la folie.

Cette introduction sans parole donne du contexte au personnage de Bruce Banner, incarné par Eric Banaayant été séparé de ses parents à l’enfance.

Le film le suit dans ses recherches sur la génétique et le processus de régénération accompagné par son ex petite amie Betty Ross, incarnée par la pétillante Jennifer Connelly.

Suite à un incident avec la machine sur laquelle ils travaillent, Bruce se retrouve irradié ; ouvrant la porte (littéralement) à son Mr. Hide

Hulk toque à la porte
Hulk toque à la porte

La métaphore de la porte brisée par Hulk est d’ailleurs réutilisé à plusieurs reprises tout au long du métrage afin d’illustrer la prise de contrôle latente de la bête sur l’homme.

Rapidement, Bruce s’aperçoit qu’il a hérité des capacités de régénération qu’il a étudié pendant toute une partie de sa vie. 

Le facteur régénératif de Hulk
Le facteur régénératif de Hulk

Un autre concept concept intéressant qui ne sera pas repris dans les adaptations suivantes du personnage repose sur l’évolution de la forme de Hulk en fonction de son degré de colère. En effet, la mise en scène d’Ang Lee montre, à plusieurs reprises, la bête gagner en puissance et en envergure à mesure que ses antagonistes lui barrent la route. Un point très intéressant du personnage mais qui ne sera finalement repris que très en surface dans les films du MCU

La taille de Hulk est proportionnelle à sa colère
La taille de Hulk est proportionnelle à sa colère

Suite à sa première transformation, Hulk se retrouve au sein d’une succession de combats contre des chiens monstres puis contre l’armée avant d’affronter le véritable antagoniste de ce film : son père.

Le thème du père

En effet, le film tourne énormément autour de deux personnages moralement répréhensibles : David Banner, le père de Bruce et Thaddeus Ross, celui de Betty.

Le métrage s’ouvre d’ailleurs avec David Banner expérimentant ses recherches scientifiques sur des animaux, sur lui-même puis sur son propre fils…

Tout au long du film, Bruce et Betty sont hantés par leur paternelle respectif et leurs mauvaises décisions. Des décisions qui ont notamment eues pour effet de réveiller la seconde personnalité latente de Bruce.

À plusieurs reprises, Hulk est définit comme étant le père de Bruce, cette partie de lui qu’il rejette et répugne. Rapidement, ce dégoût pour cette entité monstrueuse se transforme en sentiment de puissance et de liberté. Bruce finit par aimer le monstre en lui, par aimer Hulk, par aimer son père…

Si Bruce est dans une dynamique de réconciliation durant une large partie du film, son père, au contraire, reproduit ses erreurs passées en tentant de simuler l’incident ayant révélé la seconde nature de son fils.

Cette expérience va finalement transformer David Banner en L’Homme Absorbant, un personnage issu des comics Marvel qui absorbe la matière pour en prendre ses propriétés. Un ennemi récurrent de Hulk qui, rappelons-le, n’a habituellement aucun rapport avec le père de Bruce.

Il est néanmoins amusant de savoir que L’Homme Absorbant est traditionnellement Carl « Crusher » Creel, un ancien boxeur contre lequel Jack Murdock, le père de Dardevil a mené un combat que l’on peut notamment apercevoir dans la série éponyme de 2015.

Creel vs Murdock
Creel vs Murdock

De son côté, le général Thaddeus « Thumderbolt » Ross, incarné par Sam Elliot et que l’on retrouvera plus tard à plusieurs reprises dans le MCU sous les traits de William Hurt, cherche à protéger sa fille du monstre tout au long du récit sans jamais y parvenir vraiment ; sa manière d’agir étant bien trop impulsive et brutale pour fonctionner. Le général ne changera pas non plus sa rigidité et le rapport qu’il entretient avec sa fille même après les événements récents ayant secoués ses idéologies… 

Le film se conclut par un combat final à la fois physique et psychologique entre Hulk et L’Homme Absorbant. En se réconciliant avec son passé trouble dû aux événements marquants qu’il a rencontré enfant, Bruce parvient à sortir victorieux et grandit de ce duel opposant la rancoeur d’un père à l’héroïsme de son fils. 

Des pages de comics au grand écran

C’est au beau milieu de la vague d’adaptations de comics Marvel des années 2000 que le réalisateur chinois Ang Lee, notamment connu à cette époque pour avoir réalisé le film Tigre et Dragona pris le parti de pousser l’héritage papier du médium qu’il adapte au-delà de ce qui avait pu être proposé par ce genre de films jusque là.

Logo Marvel Hulk
Logo Marvel Hulk

Sortie en 2003, Hulk tente, pour la première fois de transposer certaines caractéristiques propres au comics à l’écran.

L’exemple le plus frappant et présent tout au long du métrage est celui des cases apparaissant à l’écran pour dynamiser la mise en scène comme dans la lecture d’un comics.

Une mise en scène originale
Une mise en scène originale

Un gimmick qui ne sera finalement jamais réutilisé dans une adaptation cinématographique Marvel mais qui pourra rappeler à certains nostalgiques la mise en scène choisie pour les cinématiques du jeu vidéo Ultimate Spider-Man de 2005.

Une cinématique du jeu Ultimate Spider-Man
Une cinématique du jeu Ultimate Spider-Man

Une idée originale mais dont le futur ne donnera pas raison et qui paraît aujourd’hui finalement très  datée… 

Pour autant, tout n’est pas à jeter dans cette idée générale d’adaptation de comic book. En effet, Ang Lee n’hésite pas non plus à proposer des split screens (ou écrans partagés) intéressants.

Bien sûr, les split screens ont existé bien avant ce film mais ceux proposés dans ce métrage référencent très nettement son médium d’origine.

On retiendra notamment un premier split screen apparaissant au tout début du film et particulièrement réussi en proposant de réunir les deux parents de Bruce, pourtant physiquement éloignés, sur un seul et même plan.

Les parents de Bruce Banner réunis par un split screen
Les parents de Bruce Banner réunis par un split screen

Une idée de mise en scène piochant donc à la fois du côté des comics et du cinéma qui sera notamment reprise dans une autre adaptation de comics très populaire : Scott Pilgrim (Scott Pilgrim vs. the world en VO) d’Edgar Wright.

Un des split screens de Scott Pilgrim
Un des split screens de Scott Pilgrim

C’est justement en comparant ces deux oeuvres utilisant ce procédé pour adapter des cases de bande dessinées que l’on peut déceler en quoi la mise en scène d’Ang Lee sur Hulk pèche.

En réalité, le problème vient du fait que ce style très dynamique fonctionne bien pour des films décomplexés et funs. Des critères que l’on retrouvent, bien sûr, dans le film d’Edgar Wright mais pas dans le Hulk d’Ang Lee ayant choisi un ton assez sérieux et dramatique.

Un ton qui se ressent par une mise en scène lente et mollassonne par moment ; un comble pour un film sur Hulk… Un rythme qui se fait même ressentir dans le jeu des deux acteurs principaux, Eric Bana et Jennifer Connelly qui parlent très lentement et chuchotent presque…

De la même manière, les effets de transition entre deux scènes sont nombreux et divers mais donnent également un véritable coup de vieux au film. Parmi les curiosités, on peut notamment citer une photo qui s’anime pour ouvrir un flashback.

Cet héritage papier va même se retrouver jusque dans les crédits du film affichés sous forme de bulles de BD.

Crédits
Crédits

Au-delà de cette mise en scène assez datée et de quelques plans très expérimentaux, le film offre de belles images dans l’opposition finale entre Hulk et L’Homme Absorbant

Hulk vs. Absorbing Man
Hulk vs. Absorbing Man

Dans les plans ou idées inspirées de comics et ayant éventuellement servi d’inspiration à des oeuvres futures. On retiendra les sauts gargantuesques de Hulk dans le désert possiblement tirés de certaines illustrations du premier numéro des Avengers de Stan Lee et Jack Kirby.

Dans la même idée, une scène montrant Bruce voir apparaître son double vert dans le miroir a peut-être bien inspiré certaines planches du beaucoup plus récent premier numéro de la série Immortal Hulk de 2018.

Bien entendu, le film accuse le poids du temps concernant ses effets spéciaux notamment avec un Hulk presque fluorescent dans les plans de jours et des chiens monstrueux pas si effrayants… 

Des chiens monstrueux pas si effrayants...
Des chiens monstrueux pas si effrayants...

Là encore, l’inspiration nous vient droit du comics numéro 14 de la série The Incredible Hulk de 2000.

The Incredible Hulk #14 (2000)
The Incredible Hulk #14 (2000)

Malgré une technique vieillissante, le film a l’intelligence de présenter Hulk pour la première fois de nuit et de manière relativement brève afin d’accentuer l’aspect menaçant du monstre tout en masquant la pauvreté des effets spéciaux de l’époque.

Bruce se transforme pour la première fois...
Bruce se transforme pour la première fois...

Concluons cette épopée nostalgique avec le traditionnel caméo de Stan Lee qui, cette fois, incarne un agent de police accompagné de son équipier, Lou Ferrigno, l’acteur incarnant le géant de jade (pas si géant) de la série télévisée L’Incroyable Hulk de 1977.

Les caméos simultanés de Stan Lee et Lou Ferrigno
Les caméos simultanés de Stan Lee et Lou Ferrigno

En définitif, Hulk d’Ang Lee offre un film de super-héros aux scènes d’action relativement rares qui arrivent, pour la plupart, dans le troisième acte. 

Le métrage propose ainsi un ton rafraîchissant que l’on a plus l’habitude de retrouver aujourd’hui dans les productions cinématographiques Marvel qui font passer le fun et le drôle avant le dramatique et l’épique.

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